882 shaares
Le rideau du déconfinement se lève lentement sur le fameux monde d’après dont on nous rebat les oreilles depuis deux mois et à quoi ressemble-t-il ? Discussion et débat autour de la nouvelle application lancée par le gouvernement : StopCovid.
On l’a déjà dit dans cette émission, l’un des changements culturels majeurs les plus profonds est aussi l’un de ceux dont on mesure le moins les effets : le poids renforcé des nouvelles technologies dans la vie des individus. Aux Etats-Unis, ce rôle accru survient à un moment charnière, où Donald Trump empêtré dans une crise politique sans précédent menace de se retourner contre les réseaux sociaux qui ont aidé à le faire élire.
En France, pour l’instant, qu’elle devienne populaire ou non, la nouvelle application StopCovid, disponible depuis cette semaine, en est le symbole le plus évident du changement de monde pour l’instant. Pour la première fois dans l’histoire, ceux qui téléchargent cette application sur leurs smartphones font le choix d’interagir en direct avec un service gouvernemental au sujet de leur santé sans savoir à qui il s’adresse ni ce qui est fait des informations qu’il transmet. Le mois dernier, plusieurs tribunes et pétitions ont réclamé, sans succès, l’abandon de cette expérience ou réclamé des garanties. Ont-elles été suivies d’effet ? Plus largement, comment se transforment, sous nos yeux, les relations entre géants de l’informatique, individus et états dans le monde post-pandémie ?
Marc Weitzmann en débat avec Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste, chercheur en épistémologie, auteur récemment de la tyrannie des algorithmes (Textuel, 2019), Lucien Castex, membre du Conseil d'Administration de l'Internet Society France et chercheur à l'université Sorbonne Nouvelle, membre de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), et Adrienne Brotons, conseillère économie et numérique de l’Elysée entre 2015 et 2017, membre de la Fondation Jean Jaurès.
On l’a déjà dit dans cette émission, l’un des changements culturels majeurs les plus profonds est aussi l’un de ceux dont on mesure le moins les effets : le poids renforcé des nouvelles technologies dans la vie des individus. Aux Etats-Unis, ce rôle accru survient à un moment charnière, où Donald Trump empêtré dans une crise politique sans précédent menace de se retourner contre les réseaux sociaux qui ont aidé à le faire élire.
En France, pour l’instant, qu’elle devienne populaire ou non, la nouvelle application StopCovid, disponible depuis cette semaine, en est le symbole le plus évident du changement de monde pour l’instant. Pour la première fois dans l’histoire, ceux qui téléchargent cette application sur leurs smartphones font le choix d’interagir en direct avec un service gouvernemental au sujet de leur santé sans savoir à qui il s’adresse ni ce qui est fait des informations qu’il transmet. Le mois dernier, plusieurs tribunes et pétitions ont réclamé, sans succès, l’abandon de cette expérience ou réclamé des garanties. Ont-elles été suivies d’effet ? Plus largement, comment se transforment, sous nos yeux, les relations entre géants de l’informatique, individus et états dans le monde post-pandémie ?
Marc Weitzmann en débat avec Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste, chercheur en épistémologie, auteur récemment de la tyrannie des algorithmes (Textuel, 2019), Lucien Castex, membre du Conseil d'Administration de l'Internet Society France et chercheur à l'université Sorbonne Nouvelle, membre de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), et Adrienne Brotons, conseillère économie et numérique de l’Elysée entre 2015 et 2017, membre de la Fondation Jean Jaurès.
La disparation de l'école publique est proprement impensable pour beaucoup. Des intérêts économiques et politiques œuvrent pourtant à une marchandisation généralisée du système éducatif, et la crise sanitaire leur offre un véritable levier pour accélérer ce processus. Club Médiapart
Le projet de traçage socialement « acceptable » à l’aide des smartphones dit StopCovid, dont le lancement était initialement prévu pour le 2 juin, a focalisé l’intérêt de tous. Apple et Google se réjouissaient déjà de la mise en place d’un protocole API (interface de programmation d’application) qui serait commun pour de nombreux pays et qui confirmerait ainsi leur monopole.
Mais la forte controverse qu’a suscitée le projet en France, cumulée au fait que l’Allemagne s’en est retirée et à l’échec constaté de l’application à Singapour, où seulement 20 % des utilisateurs s’en servent, annoncent l’abandon prochain de StopCovid.
Mais la forte controverse qu’a suscitée le projet en France, cumulée au fait que l’Allemagne s’en est retirée et à l’échec constaté de l’application à Singapour, où seulement 20 % des utilisateurs s’en servent, annoncent l’abandon prochain de StopCovid.
En Europe, les frontières rouvrent en ordre dispersé, avec souvent le 15 juin pour date butoir. Alors que la Covid-19 a atteint plus de 150 pays, la géographe Anne-Laure Amilhat-Szary analyse les nouveaux enjeux autour de ces séparations, nationales mais aussi continentales ou sanitaires.
L’invité : David Serfass, maître de conférences en histoire de la Chine et de l’Asie orientale contemporaine à l’Inalco et chercheur à l’IFRAE (Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est).
Davantage de directeurs que de traders et de footballeurs
Emmanuel Berger, Odran Bonnet (département de l’Emploi et des revenus d’activité, Insee)
En 2017, 1 % des salariés du secteur privé perçoivent plus de 8 680 euros nets par mois en équivalent temps plein. Cela correspond à 7,5 fois le Smic. Ce top 1 %, qui comprend 163 000 salariés, ne forme pas un ensemble homogène de professions et présente de fortes disparités de rémunérations. Tout en haut de l’échelle salariale, les 1 000 salariés les mieux rémunérés perçoivent notamment plus de 89 530 euros nets par mois.
Majoritairement des hommes de plus de 50 ans et très souvent travaillant à Paris ou dans les Hauts-de-Seine, les salariés du top 1 % occupent principalement des postes de direction ou de cadres dans les entreprises et les banques. Tout en haut de l’échelle salariale, dans le top 1 000, la part des dirigeants salariés, des cadres d’état-major des grandes entreprises et des cadres du secteur financier s’accroît encore au détriment de celle des autres cadres ; celle des sportifs professionnels devient significative.
En 2017, les salariés du top 1 % détiennent 8,0 % de la masse salariale du secteur privé. Cette part augmente depuis la fin des années 1990, surtout tirée par les plus hautes rémunérations. Sur la période, cette hausse a été momentanément interrompue par la crise de 2008-2009.
En 2017, 1 % de l’ensemble des personnes en emploi (salariés du privé et du public ainsi que non-salariés) perçoivent un revenu d’activité mensuel moyen supérieur à 9 490 euros. Parmi eux, 42 % sont non-salariés, principalement médecins libéraux ou avocats.
Emmanuel Berger, Odran Bonnet (département de l’Emploi et des revenus d’activité, Insee)
En 2017, 1 % des salariés du secteur privé perçoivent plus de 8 680 euros nets par mois en équivalent temps plein. Cela correspond à 7,5 fois le Smic. Ce top 1 %, qui comprend 163 000 salariés, ne forme pas un ensemble homogène de professions et présente de fortes disparités de rémunérations. Tout en haut de l’échelle salariale, les 1 000 salariés les mieux rémunérés perçoivent notamment plus de 89 530 euros nets par mois.
Majoritairement des hommes de plus de 50 ans et très souvent travaillant à Paris ou dans les Hauts-de-Seine, les salariés du top 1 % occupent principalement des postes de direction ou de cadres dans les entreprises et les banques. Tout en haut de l’échelle salariale, dans le top 1 000, la part des dirigeants salariés, des cadres d’état-major des grandes entreprises et des cadres du secteur financier s’accroît encore au détriment de celle des autres cadres ; celle des sportifs professionnels devient significative.
En 2017, les salariés du top 1 % détiennent 8,0 % de la masse salariale du secteur privé. Cette part augmente depuis la fin des années 1990, surtout tirée par les plus hautes rémunérations. Sur la période, cette hausse a été momentanément interrompue par la crise de 2008-2009.
En 2017, 1 % de l’ensemble des personnes en emploi (salariés du privé et du public ainsi que non-salariés) perçoivent un revenu d’activité mensuel moyen supérieur à 9 490 euros. Parmi eux, 42 % sont non-salariés, principalement médecins libéraux ou avocats.
A travers les maires historiques de grandes villes françaises, les réalités diverses du mandat municipal et les rôles particuliers que la fonction d’édile permet de jouer, dans un contexte mouvant.
Les enquêtes d'opinion réalisées dans les premières semaines du confinement en France indiquent un regain de confiance dans les autorités étatiques: les cotes de confiance du président de la République (PR) et du Premier ministre (PM) ont augmenté de 4 points par rapport à la période précédente, conformément à ce que l'on attend dans les cas de crise nationale. Ainsi cette augmentation de la confiance avait fait un bond de 8 points dans le sillage des attentats qui avaient frappé la capitale au début de l'année 2015.
Il est cependant intéressant de mettre en perspective cette hausse, et notamment de la comparer avec les taux de confiance accordée à d'autres chef·fes d'État et de gouvernement, dans le temps et dans l'espace. En Allemagne par exemple, Angela Merkel est actuellement approuvée dans son action par 60% des personnes sondées, ce qui représente une hausse de 11 points par rapport à l'avant-crise.
Alors pourquoi une hausse finalement assez modeste en 2020 en France? Tout d'abord, on peut noter que lorsque la crise sanitaire commence, le gouvernement français est encore aux prises avec les mobilisations sociales, et notamment celles suscitées par les «gilets jaunes». Néanmoins, un premier regard sur les discours du président de la République consacrés à la gestion de la crise du Covid-19 depuis la mi-mars 2020 permet d'ouvrir quelques pistes de réflexion.
Il est cependant intéressant de mettre en perspective cette hausse, et notamment de la comparer avec les taux de confiance accordée à d'autres chef·fes d'État et de gouvernement, dans le temps et dans l'espace. En Allemagne par exemple, Angela Merkel est actuellement approuvée dans son action par 60% des personnes sondées, ce qui représente une hausse de 11 points par rapport à l'avant-crise.
Alors pourquoi une hausse finalement assez modeste en 2020 en France? Tout d'abord, on peut noter que lorsque la crise sanitaire commence, le gouvernement français est encore aux prises avec les mobilisations sociales, et notamment celles suscitées par les «gilets jaunes». Néanmoins, un premier regard sur les discours du président de la République consacrés à la gestion de la crise du Covid-19 depuis la mi-mars 2020 permet d'ouvrir quelques pistes de réflexion.
Pour la première fois, le 26 mai, Twitter a décidé de signaler plusieurs tweets de Donald Trump en leur apposant un signe d’avertissement et un lien vers des informations vérifiées. Le 29 mai, un autre tweet du Président a été masqué derrière un avertissement signalant que le tweet incite à la violence, en contrariété avec les règles de Twitter. La démarche de Twitter intervient dans des circonstances bien particulières, qui ont provoqué un débat intense aux Etats-Unis, comme souvent à propos de l’activité du Président sur Twitter.
L'Assemblée nationale doit donner son avis, le 27 mai 2020, sur l'application de traçage de contact StopCovid. Après de nombreux questionnements sur son utilité, nous avons cherché à trouver des exemples de cas pour lesquels elle aurait une efficacité, c'est-à-dire qu'elle permettra bien d'alerter une personne ayant croisé un malade. Nous en avons trouvé un.
Rubique Stop Covid
Alors que le débat promet d'être clivant à l'Assemblée, le succès du dispositif reposera sur l'adhésion des Français, qui est loin d'être acquise.
La pandémie de Covid-19 qui s’est propagée depuis la Chine au reste du monde au cours de l’hiver 2020 a particulièrement touché l’Europe occidentale qui, le 21 mai 2020, concentrait plus d’un million de cas (1 320 000), soit 26 % des cas recensés dans le monde. Le plus frappant peut-être est l’importance de la mortalité en Europe occidentale, puisque ces pays déploraient le 21 mai plus de 157 000 décès, soit 48 % du total mondial. Si la France et l’Allemagne affichaient à peu près le même nombre de cas (environ 180 000), elles se différenciaient fortement par la mortalité : 28 135 décès liés au Covid-19, soit 431/million d’habitants en France, contre 8 144 décès, soit 97/million d’habitants en Allemagne.
Une approche géographique de la pandémie de coronavirus démontre que la mondialisation n’est pas réductible à la seule échelle mondiale. Elle se déploie au contraire de façon différenciée à toutes les échelles. La crise, en jetant à terre des pans entiers de l'économie mondiale (tourisme, transport, matières premières...), aura des conséquences sociales considérables face auxquelles les réponses des États et des territoires seront décisives.
En partant de la liste de personnes « indispensables à la continuité de la nation », établie par les autorités en charge en Seine-et-Marne, l’économiste Philippe Askenazy démontre les biais discriminatoires inacceptables au nom de l’intérêt collectif, dans sa chronique au « Monde »
Reportage. En Centrafrique, l’immense réserve naturelle de Chinko est protégée par une ONG sud-africaine qui, face aux bergers nomades, braconniers, mercenaires et miliciens lourdement armés sévissant dans la région, s’impose par des méthodes musclées.
Le géo-anthropologue Damien Deville étudie l’écologie relationnelle, défendant la diversité de la nature comme des cultures, et la pluralité des identités. À l’image du classique sénégalais que ce Burkinabé d’adoption revisite en plat végétarien.
En deux fois quatre-vingt-dix minutes, Don Kent revient de manière subtile et personnelle sur le phénomène que fut à travers le monde l’année 1968, ce qui la précéda et lui succéda.
La figure du souverain, essentielle à l’autonomie fondationnelle de nos communautés politiques nationales, semble échapper au champ de vision des citoyens, voire se dissoudre dans un magma réglementaire et procédural. Qui est souverain en Europe ? Et, si souverain il y a, l’est-il pleinement ?
Au travers de ce court essai, nous nous efforcerons de mettre au jour les différentes facettes de ce phénomène de dissipation du principe de souveraineté, d’en relever les lignes de faille qu’il dessine au sein du système juridico-politique européen, d’enregistrer la pulsation fébrile d’une ontologie qui n’accepte aucune réplication à l’échelle, aucune démultiplication. L’éclat de la souveraineté aveugle ses adorateurs comme ses contempteurs, ceux qui clament son rapatriement comme ceux qui agitent les faux-semblants de la souveraineté européenne. La quête du souverain défait inéluctablement les aventureux et les ambitieux, le politique comme le théoricien. Car sa géométrie est implacable, elle ramène toute échappée à son absoluité, à ce que veut dire avoir le dernier mot. Posséder de son regard l’entièreté des choses – et n’avoir personne dans son dos.
Nous distinguerons ensuite dans le trouble des eaux mêlées européennes le courant qui remonte à la source du demos du courant qui descend vers les rives du kratos. Si la question du demos européen, de l’identité de l’unité politique première, résonne avec le principe de souveraineté et sa géométrie exclusive, la question du kratos, de l’agir collectif, ouvre sur la démocratie européenne et ses possibles inclusifs.
Au travers de ce court essai, nous nous efforcerons de mettre au jour les différentes facettes de ce phénomène de dissipation du principe de souveraineté, d’en relever les lignes de faille qu’il dessine au sein du système juridico-politique européen, d’enregistrer la pulsation fébrile d’une ontologie qui n’accepte aucune réplication à l’échelle, aucune démultiplication. L’éclat de la souveraineté aveugle ses adorateurs comme ses contempteurs, ceux qui clament son rapatriement comme ceux qui agitent les faux-semblants de la souveraineté européenne. La quête du souverain défait inéluctablement les aventureux et les ambitieux, le politique comme le théoricien. Car sa géométrie est implacable, elle ramène toute échappée à son absoluité, à ce que veut dire avoir le dernier mot. Posséder de son regard l’entièreté des choses – et n’avoir personne dans son dos.
Nous distinguerons ensuite dans le trouble des eaux mêlées européennes le courant qui remonte à la source du demos du courant qui descend vers les rives du kratos. Si la question du demos européen, de l’identité de l’unité politique première, résonne avec le principe de souveraineté et sa géométrie exclusive, la question du kratos, de l’agir collectif, ouvre sur la démocratie européenne et ses possibles inclusifs.
Alors que la crise sanitaire est un phénomène qui touche l’ensemble de la planète, l’anthropologue pointe, dans un entretien au « Monde », la myopie des médias et des politiques qui ont focalisé leur attention sur notre relation à la pandémie.